Vie hors-bord
Voilà. Ça fait maintenant presque deux semaines qu’on a fait le grand saut. Quelques nouvelles, en vrac.
La première fin de semaine du mois de juillet, nous l’avons passé à ne rien faire, sinon voir si notre nouveau chauffe-eau rentrait dans son nouveau trou sous la table à carte. Moment d’attente, les yeux à moitié cachés par nos doigts… oui ! Aymeric et moi on célèbre à grands cris ! En tout et pour tout, 6 fins de semaine ont été consacrées à réparer un des joints de l’ancien chauffe-eau ; une chance qu’il n’y en avait que 6 ! Laurent avait déjà entrepris des recherches sur Internet pour lui trouver un substitut, mais le prix faramineux de ces engins nous laissait toujours sur le cul. Lorsqu’il a bien fallu admettre notre défaite, c’est Steve, chez Gosselin qui conseille à Laurent la marque italienne Quick. On peut fièrement se vanter d’avoir un chauffe-eau européen de 20 gallons ultra-luxueux et ultra solide dans les tons de mauve ; connecteurs d’échange de chaleur au moteur et espace très réduit obligent. On s’en sauve sur la peau des fesses, sans devoir changer les connecteurs ni refaire la table à carte.

Vient dimanche soir, le moment de notre première séparation. Sans domicile fixe, Laurent répare le voilier et j’habite avec Aymeric chez ma meilleure copine Chantal. Il vient nous porter puisque, bien sûr, il doit garder la voiture pleine jusqu’au plafond de bidules trucs machins en tout genre pour le voilier. Bien sûr, les réparations à l’intérieur de l’espace exigu exigent de trouver un autre endroit de stockage. On trimbale un grattoir pour la glace, un habit de peinture et plusieurs gallons d’interprotect et d’antisalissure et j’en passe. Chantal, d’une gentillesse infinie, garde Aymeric toute cette première semaine pendant que je termine mon dernier contrat de travail. Elle doit pallier les grands chamboulements de la vie d’Aymeric et chapeau ! Il demande à rentrer en voiture dans la maison de papa et de maman… Le petit bonhomme a passé plus de temps dans l’eau en une semaine que de tout l’été. Il s’est fait copain-copain avec les cousins de Chantal, Chloé, Mathias et Antoine et a passé beaucoup de temps avec mamie. C’est la fête ! À chaque soir, un coup de fil à Laurent. Non seulement je m’ennuie et Aymeric aussi — je pense que c’est la première fois que nous sommes séparés aussi longtemps —, mais on en profite pour faire le bilan de l’avancement des travaux. Chauffe-eau et guindeau installés ! Laurent tente bien que mal de m’expliquer ses diagnostics et ce qu’il faudra faire pour « patcher » encore un autre problème d’électricité. À 23 heures jeudi soir, il parvient de justesse à patenter une nouvelle connexion pour sauver le contenu de notre réfrigérateur de la vague de chaleur qui persiste dans le carré. L’ancienne s’est tranquillement détériorée et c’est au son du crachat du robinet de cuisine qu’il s’en est rendu compte. Merde.

On a célébré le deuxième anniversaire d’Aymeric chez Gabrièle et Roderick, en campagne aylmeroise, ce dimanche. Laurent est venu nous rejoindre pour l’occasion et on a fait une super bonne bouffe BBQ. Cette année, c’est un cadeau familial qu’on lui offre : un disque dur externe plein à craquer de Disney et de Cailloux — mamie —, un DVD portatif — grand-père. Hourra, on pourra faire nos manœuvres difficiles avec en arrière-plan Bob le train ou la patte patrouille. Je croise quand même les doigts, il me semble que l’appareil est un peu fragile.

Ce matin, les adieux sont difficiles. Chantal vient chercher Aymeric qui pleure sa vie pour s’assoir au volant de la nouvelle Civic et appuyer sur le klaxon. On lui dit au revoir, il répond vite vite pour se faufiler vers l’avant entre les sièges. Ingrat. Laurent reste un peu plus longtemps pour qu’on puisse mettre à jour notre liste Trello. C’est notre manière de nous assurer que nos réparations touchent ce qui a un haut critère de « criticité ». Yup. J’ai tellement le gout de faire l’autruche. Quoi s’il y a trop de choses ? Quoi si on ne peut jamais partir ? En fait, bien évidemment, on allonge la liste au fil de notre discussion, mais j’ai le sentiment que notre préparation avance bien. L’administration est presque terminée, si ce n’est de l’anxiété que nous cause l’attente de la réponse de la compagnie d’assurance. Cette semaine, Laurent devrait terminer l’électricité. Sur le perron, je lui fais un denier bisou, puis un autre, puis un autre. Laurent : « viens vivre avec moi le plus vite possible au voilier, ok ? » Moi : « Oui ! On réorganisera tout le monde, ce n’est pas la première fois ».