MÉGABLOCK
En fait, Megalock et non Mégablock, une pâte utilisée en plomberie. Eh oui, notre chauffe-eau nous fait encore des petites misères. Total du pointage :
Chauffe-eau de la mueurte 100 vs Claudie & Laurent 6
Alors voilà que, d’aplomb, on arrive au voilier le samedi 28 mai pour enfin remettre ensemble notre chauffe-eau. La semaine dernière, après plusieurs heures de discussion, on se décide à laisser sécher le « deuxième » form-a-gasket sur le joint d’échangeur de chaleur plus longtemps que les 24 heures recommandées. Excellente idée, le scellant était encore mou… Devant le chauffe-eau, on sent l’excitation et l’anxiété monter ; y aura-t-il encore une fuite ?! Soudainement, Laurent entend un bruit ; c’est quoi ce truc ? Sous le plancher, on voit l’eau qui tourbillonne. Merde. On soulève le plancher pour voir une marre de liquide rose à l’odeur hyper chimique : l’antigel de l’année dernière. Le conduit d’eau chaude qui va du chauffe-eau au robinet de l’évier de la cuisine est éventré, tombé au combat pendant l’hiver. Il est 17 h heures… tout est fermé, bien sûr. On passe à l’attaque dimanche matin. Au Rona, le conseiller a plus de perçages que moi à l’adolescence et je ne peux m’empêcher de penser que ma mère me traitait de passoire à spaghetti, ce qui est quand même drôle dans un rayon de plomberie. Bref, il nous vend deux câbles gainés pour lave-vaisselle et un connecteur conique qui, selon lui, s’installe sur le bout pendouillant du tuyau de cuivre qu’on lui montre. Armés jusqu’aux dents, on remonte (oui encore) notre chauffe-eau… et en moins de deux ça gicle au plafond ! Petit aparté, lorsqu’un problème se présente, Laurent sacre, pense très longtemps, puis agit. Voilà que, assise dans le carré, j’attends bien sagement que le calme après la tempête vienne, en envoyant en l’air des idées de temps en temps. On descend du voilier pour voir les connecteurs au shipchandler de la marina, le gars de chez Rona n’était pas plombier, même pas dans une autre vie. J’en suis encore surprise ; Laurent me dit « et si on demande à Sylvain ? » Il nous regarde d’un air étonné : « ben oui, les connecteurs ovales, ça marche. Il faut juste vraiment bien le rentrer sur le tuyau pour qu’il soit étanche ». Là, il retient sa respiration et nous fixe, les joues plaines d’air ! Un bon coup de marteau et bang, le connecteur est en place. Devant le chauffe-eau, on remonte que le tuyau et son connecteur. Toc-toc-toc, une goutte perle aux minutes sous les deux sorties mâles. Ici, je me garde une petite gêne, la litanie de sacres qui suit n’est pas jolie. Une chance qu’Aymeric est avec sa cousine Léonie chez tatie Gabrielle et tonton Sébastien. Plan A, trouver un truc qui ressemble à de la filasse, ancêtre ou contemporain du ruban de téflon, ce n’est pas clair. Plan B, changer les connecteurs.

Au boulot lundi, je jase avec ma collège Carolle de mon calvaire mouillé. « Tu devrais vraiment le changer. Quoi si la fuite cause un problème avec l’échangeur de chaleur du moteur ? Téléphone chez Charbonneau, c’est le meilleur plombier sur MTL ». Je prends mon courage à deux mains — je dois téléphoner à un spécialiste en essayant de lui soudoyer de l’information gratuitement tout en réussissant à me faire comprendre. Bingo. « Max 3 tours de tape, jamais plus que 4. Après, tu mets du megalock. Là, ça coule pu ». Je saute au cou de Carolle. C’est peut-être devenu beaucoup trop personnel comme guerre.
Quoi qu’il en soi, en soirée pendant la semaine, Laurent me dit « ça existe pas cette pâte ». Ein, je suis dubitative, le gars avait d’l’air certain quand même. Laurent : « Yup, pas de Mégablock ». Je rigole, « c’est pas des gros Legos, Mégablock ? Il a dit Magalock ». Quelques minutes plus tard, Laurent revient : « non toujours rien ». Quoi ? Je cherche aussi sur Google pour trouver, quelques secondes plus tard, du megalock. Laurent : « Oh, en un mot ». Comme c’est un produit américain, il ne se vend que chez Home Depot et le seul qui en stock se trouve dans le quartier Saint-Charles. Bien sûr.

Vendredi, en soufflant mes chandelles d’anniversaire, je fais le vœu que mon chauffe-eau soit étanche. Ce n’est même pas une blague. Ce samedi, on est sereins. Chantal, Aymeric et petit pot sont avec nous pour cette deuxième tentative d’amener la peste sur le voilier. Il est propre depuis une semaine. On est fous de joie, mais un peu contraints par l’horaire de la mise au petit pot que ça occasionne. Tout le monde est bien averti, la toilette aux demi-heures et le harnais avec la laisse en permanence dans le cockpit. Dernière phase du projet chauffe-eau — je tente un vocabulaire moins belligérant dans l’espoir de signer l’armistice. Après plusieurs heures de lecture sur des forums américains spécialisés en plomberie, on est équipés de Megalock et de ruban de Téflon jaune. Laurent enclenche la pression et le stress est à son comble. Rien. Quelques heures plus tard, la sortie mâle du bas perle. On vit un mélange de déception et de frustration, des vagues d’émotions pour un chauffe-eau. Penaud, Laurent ressert le connecteur. Je passe quelque temps après et c’est sec. La tension est à son comble. Je fais une veille de 20 minutes, couchée par terre devant le chauffe-eau, le regard baigné dans la lumière de ma lampe frontale. Rien. Une joie intense et communicative nous envahit ; on hurle en chœur dans le carré. Sans crier gare, c’est à ce moment que le chauffe-joue joue sa dernière carte en main. Le coin de la planche est mouillé… tout comme l’intérieur de la boite en inox qui contient le ballon d’eau chaude. D’aussi loin où je peux me rendre sous la façade, nos 6 joints sont secs. On en arrive qu’à une seule conclusion, malgré qu’on ait fait vérifier notre chauffe-eau par un professionnel qui nous a affirmé le contraire, l’une des soudures du ballon d’eau chaude fuit.
De retour à la case départ. Est-ce qu’on modifie le meuble pour accueillir un nouveau chauffe-eau ou bien est-ce qu’on condamne les sorties d’eau ? Laurent : « Tu veux assister à la mise aux poubelles ? » Le moral des troupes est bien bas.