Vacances sur le lac 1/3
De Snug Harbour à Snug Harbour
Première semaine de voile en famille sur le lac Champlain. Il fallait bien faire un test, non ?
Samedi
4 juillet 2015
Bien que nous soyons propriétaires de Dorénavent depuis déjà quelque temps, notre dernière « épreuve » remonte à notre escapade maritime d’une semaine à bord de Vague-à-bond, notre Tanzer de 22 pieds, sans cuisine ni toilette. Jeune couple, nous avions remonté la rivière des Outaouais jusqu’à Papineauville pour faire demi-tour devant la Belle Bédaine (pour ceux qui n’ont pas la chance de connaître, c’est un restaurant-minute dont l’enseigne représente un éléphant au bide pendouillard). Dorénavent apparaît du coup beaucoup plus luxueux !
J’aperçois soudainement une étincelle dans le regard de Laurent qui vient d’être obnubilé par un pot de mayonnaise d’un kilo !
Alors, il faut dire que la semaine de vacances s’amorce par une heure et demie de casse-tête au Price Chopper, seul et unique super marché de l’autre côté de la frontière américano-canadienne. La hache du géant alimentaire (encore une enseigne des plus douteuses), comme pour tous les Québécois qu’on y rencontre, est restée au travers de la gorge de Laurent. C’est en effet beaucoup plus cher de faire l’épicerie aux États-Unis qu’au Québec, le taux de change est loin d’être en notre faveur. Si seulement nous pouvions traverser nos denrées périssables, mais non, Oncle Sam refuse. Parce qu’une orange de Floride qui est vendue au Canada ne peut retourner aux États-Unis… Il y a risque de contamination, voyons ! Le protectionnisme américain sous couvert de terrorisme alimentaire… Bon, Aymeric grignote des asperges glanées dans l’allée des fruits et légumes, je soupire d’impatience parce que, même si nous avons fait la liste d’épicerie, on nage tout de même comme des poissons sans tête jusqu’à ce que j’éclate de rire ! J’aperçois soudainement une étincelle dans le regard de Laurent qui vient d’être obnubilé par un pot de mayonnaise d’un kilo ! Ce pot, c’est désormais pour nous l’emblème des Américains !

Dimanche
5 juillet 2015
Ça y est, nous sommes bien amarinés. Aymeric aussi d’ailleurs, équipé de son costume de bain et de ses lunettes de soleil. Le vent souffle, plus de 10 nœuds à l’anémomètre. Nous avons tellement envie de lever l’ancre là là, mais nous attendons bien sagement Nathalie, qui est enceinte, et Pierre-Alexandre pour leurs deux journées nautiques de l’année. Incapable d’attendre plus longtemps, Aymeric lui décide d’explorer la jupe du voilier – c’est la partie arrière du bateau qui forme une petite plateforme – et tape tape tape dans l’eau. Il est tellement enthousiaste qu’il y met le visage et du coup, je vois sa suce flotter au loin… Merde, il n’en reste que deux pour la semaine ! Une petite baignade, une première pour Aymeric, amateur de piscine chauffée. Il était trop petit l’année dernière pour faire saucette dans le lac.
En début d’après-midi, tout le monde à bord, Dorénavent sort enfin ses voiles.
En début d’après-midi, tout le monde à bord, Dorénavent sort enfin ses voiles. Au final, on ne fait que le tour de l’île Valcour (j’ai encore de la difficulté à ne pas mettre de t à Valcour…). Heureusement que Nat et P-A ne s’en rendent pas compte. Nous passons la nuit dans Sloop Cove, petite baie hyper sympa de l’île qui offre une très belle vue sur le lac, mais aussi sur la forêt qui borde le littoral rocailleux. Premier mouillage forain de la semaine, c’est-à-dire que ce soir nous dormons à l’ancre. Alors qu’on exécute la manœuvre, le capitaine du monocoque voisin nous regarde les yeux écarquillés… on n’a jamais su pourquoi d’ailleurs. Le lendemain matin, on s’en donne à cœur joie en l’espionnant alors qu’il sort de la baie. On profite de calme du matin pour se baigner et la SUP – planche de surf à pagaie – sert maintenant de quai flottant. Je suis sous le charme. Voir une autre tite madame enceinte sur cette planche me rappelle notre virée aux îles de Boucherville parmi les huileux il y a tout juste un an. À l’époque, à la veille d’accoucher, j’avais tenté d’accélérer les choses en pagayant debout sur une SUP hyper versatile. Niet.

Lundi
6 juillet 2015
Dernière journée pour nos matelots, on décide de faire un petit trek sur l’île où plusieurs sentiers ont été aménagés. Pendant notre marche, je réalise que je dois impérativement faire pipi. Merde. Bon, j’entends en sourdine la leçon de camping que m’a enseignée ma mère (c’est la seule d’ailleurs, elle ne fait pas de camping) : « si tu dois t’essuyer dans la nature, prends toujours la feuille d’un arbre. On ne sait jamais, ce qui pousse au sol peut être de l’herbe à puce ». Merci maman!
En fin de journée, de retour à la marina Snug Harbour, on fait le plein des réservoirs d’eau, on vide le réservoir d’eau noire (pour ceux qui se posent la question, c’est bien la boite qui contient les eaux souillées), on débarque tout ce qui peut être mis aux ordures et on embarque le siège d’auto d’Aymeric qui pèse une tonne. Après la nuit de samedi à se sentir comme un bouchon de liège dans une piscine hors terre pendant un fort coup de vent, Laurent s’est juré de ne plus dormir à notre mouillage. Snug Harbour n’est protégé ni du vent du sud ni du vent du nord. Résultat, une nuit misérable juste parce que nous avons été trop fainéants pour nous déplacer. Aujourd’hui, après avoir déposé Nat et P-A, on part donc pour Bluff Point rejoindre nos trente congénères qui y sont déjà bien installés.
S’agit-il d’une voie d’eau ou bien de deux?
Déjà un peu fatigués par le sentiment de se sentir comme un chien dans un jeu de quilles au milieu de tous ces bateaux, le drame éclate. Après le feu, l’une des pires choses qui peuvent arriver sur un voilier, c’est bien qu’il prenne l’eau. Surprise, le dessous du frigo est inondé. Comble du malheur, nous trouvons aussi de l’eau brune sous l’équipet (c’est le nom générique de tout espace de rangement dans un voilier) de l’égouttoir qui sert pour l’instant de cache-poubelle. S’agit-il d’une voie d’eau ou bien de deux? Aymeric sur nos talons, équipés de nos lampes frontales, on cherche à genoux la tête en bas la provenance des voies d’eau. J’apprends que Jacques, l’ancien proprio, avait fait part à Laurent d’une fuite dans le haut du réservoir d’eau potable de bâbord. Bingo, on vient tout juste de le remplir et le trop-plein n’a pas fonctionné. Soulagés, on éponge sous le frigo, le cœur plus léger. Par contre, on ne sait toujours pas s’il s’agit ou non de la même voie d’eau… vigilance constante dans les prochains jours.