The Grinch

Peck Lake, FL – Lake Worth, FL
Départ le 23 décembre et on y est encore!
20 milles nautiques

Un petit cadeau de Phil, rincez-vous l’œil ! (pour ma part, je me suis fait rincer les oreilles…)

 

L’ambivalence que cause Noël… Chaque année, le choix du sapin de Noël, toutes les festivités entourant sa décoration et les mille petites choses qui contribuent à faire scintiller les jours d’avant (sans compter le calendrier de décembre en chocolat pour « patienter » jusqu’au jour N) sont plus traditionnels à mes yeux que la dinde. Quoique, depuis quelques années, on célébrait le 25 ou le 26 sur nos skis la blanche neige étincelante. Pure joie. The Grinch, c’est bien sûr Laurent qui apprécie hautement la bonne bouffe, mais non mes pirouettes en rouge et vert qui se démultiplient au cours du mois de décembre… Je redouble d’une espèce de fièvre intense qui l’exaspère, pour ne pas dire autre chose. Je pense secrètement qu’il est tout à fait heureux de s’être « sauvé » de Noël cette année. Il n’y a pas de place sur le voilier pour un sapin de Noël, même format nain. Ça va sans dire que l’électricité est dépensée au compte-goutte, oublions les lumières ! Je rigole chaque année de l’entendre me dire estomaqué, quelque chose du genre « les gens vendent leur âme à Hydro-Québec ! » Et là, je suis tout étonnée. Il a complimenté notre « branche de Noël » new age ! C’est, selon lui, notre plus bel arbre.

En tout et pour tout, ce mois-ci, pour célébrer la descente par « le mât » du vieux monsieur bedonnant habillé de rouge de Coca-Cola (ou que je pense à la nativité, en écoutant des chants liturgiques), je n’ai fait que quelques guirlandes colorées (ce qui a provoqué l’exaspération de Laurent) en quelques minutes avant qu’Aymeric ne les grignote (non, ce n’est pas une blague. Laurent était pris d’un fou rire). Ce que personne n’écrit, c’est la montagne russe d’émotions qui prend s’assaut les amoureux de décembre en vadrouille vers le sud. Comment j’ose me plaindre alors que les pélicans tombent disgracieusement du ciel dans une eau de plus en plus chaude et de moins en moins brune ! Sans oublier, bien sûr, la valse des dauphins et des lamantins. Secrètement, je me serai bien payé un billet d’avion pour rentrer dans la slush et le verglas (de la neige mouillée en état semi-solide et de la pluie verglaçante, juste au cas ou…) juste pour ne pas me sentir aussi déboussolée un jour sur quatre. J’avoue, c’est tout de même potable comme ratio. Heureusement que pendant notre lente procession vers la Floride, l’automne nous a suivi sans relâche. C’est sans contredit ma saison préférée. Je ne me suis donc pas sentie trop dépouillée. Le temps qui passe me rappelle aussi que je n’ai pas vu ma famille ni mes amis depuis maintenant trois mois. J’ai alors une pensée toute spéciale pour Laurent, immigré sans en avoir réellement le dessein (comment dire, ça lui est est arrivé un peu comme ça, au fil du temps. Un jour, il racontera) au Québec « mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver. »

Des biscuits, il fait 30 degrés dans le bateau!

On est parti de Peck Lake le 23 décembre pour se rendre à Lake Worth. C’est un grand lac intérieur, tout en longueur, parallèle à la mer. De l’autre côté, sur le banc de semble entre l’intracostal et la mer, se trouve West Palm Beach, bien connue des snow birds québécois. Non pas que le paysage vaut le détour ou bien qu’on ressentait un grand besoin de voir la civilisation… mais on est assailli par deux missions urgentes, la première, relaxer, célébrer Noël et garnir la table pour le réveillon. La deuxième, préparez la prochaine traversée, celle pour les Bahamas. Un important pas de gagner pour ma petite personne, j’ai été obligé d’ancrer le bateau parmi les autres voiliers déjà bien en place dans un espace étroit et réduit. Aymeric et dorénavent ont beaucoup en commun, les deux exigent que je garde mon calme et mon sang-froid en toute circonstance ! Phil m’a parlé de l’équipière volante qui, pendant un départ, surveille les autres bateaux et vient placer stratégiquement une défense entre son bateau et un autre navire juste avant qu’il ne le percute. L’idée a germé. On avait moins de 40 pieds de jeu avant de jouer aux autos tamponneuses avec notre voisin… Bien sûr, il y a du vent et du courant, sans compter les vagues. La défense attendait bien patiemment sur le pont. Soulagement, je n’ai pas eu besoin de l’utiliser.

Sans que ça soit évident, ces deux missions sont quelque peu l’une à l’encontre de l’autre et me désarçonnent. On arrivé au sud, il fait 30 degrés dans le bateau ! J’ai les cheveux de plus en plus blonds gratis et les jambes de plus en plus brunes. L’air embaume la noix de coco de ma crème solaire. J’ai juste envie de relaxer de boire un smoothie ; de mettre mon masque et mes palmes et de plonger sous le voilier ! Mais non… La force intrinsèque qui nous pousse à avancer depuis septembre a déguerpi à la vitesse grand V. Pourtant, je ne veux pas passer mes prochains mois à Lake Worth. Comme dirait Aymeric « Oh que non. » Je veux prendre mes « vacances de Noël », mais surtout planifier la traversée. Je sais, je me plains encore, ingrate que je suis.

Xalya

Pourtant, il y a un bien un laps de temps plus ou moins morose qui atteint l’équipage québécois à Lake Worth depuis une semaine. Ça doit être contagieux… Xalya (oui, on a réussi à les retrouver) affirme être tombé au combat et Katmandou aussi. Pourquoi ? Parce que la liste des préparatifs donne le tournis et le vertige et que, de plus, tout tout tout (ou presque) se fait à terre. Grosso modo, j’ai pris le mois de septembre pour réaliser notre premier départ à l’aide de ma voiture et de mes copines. Là, je suis à pied et la prochaine fenêtre météo est dans 10 jours. Il y en a une environ aux deux semaines, c’est-à-dire que le vent est d’une force acceptable pour nous et qu’il vient du sud ou bien de l’ouest. Conclusion, la liste des tâches est longue, écrasante, barbouillée (par Aymeric) et biffée/fléchée/colorée (par Laurent et moi).

Katmandou

L’équipage du Katmandou et de son fidèle destrier, le feng shui (en réalité, leur annexe se somme Kat Kid, mais si vous y voyez, un jour, Phil, en Buddha indien bien calé dans le fond, vous comprendrez pourquoi on a renommé l’embarcation), est venu danser des rigodons sur notre pont le 24 ! Dans une chaleur écrasante et une petite pluie tannante, on a fait des biscuits de Noël, mangé des crevettes et du filet mignon. Aymeric n’a pas vu le père Noël, mais il a bien reçu deux cadeaux ; un téléphone (un jour lointain, voulant l’amuser, j’avais apporté sa tablette avec nous dans l’annexe. Elle s’est prise une sale vague…) et un avion style Ikea à monter avec l’aide d’un adulte. Merci Gigi et Philippe ! Laurent était au travail dès le 25 au matin.

Le avion maman, le avion!