Savannah, southern belle

Après ses derniers jours dans l’Intracostal puis notre nuit en mer, j’avais un besoin criant d’urbanité, de revoir la ville et son mayhem. Microcosme d’un clash social prégnant, d’une nature abondante, d’absurdités et d’odeurs — du nectar le plus capiteux à la pisse —, Savannah est le siège de hauts faits de la révolution américaine puis de la guerre de Sécession. Fraîchement débarqué au Québec, Laurent regardait avec stupéfaction nos autobus jaunes… « c’est comme dans les films américains ! » J’ai exactement la même sensation, sans les bus jaunes. Les arbres, l’accent, l’odeur du Gumbo et de la terre humide et chaude rappellent Forest Gump et le sud des États-Unis. Construite en quadrilatères, chaque coin de rue de Savannah cache un petit jardin public. La ville est belle, tellement belle. Le parc de jeux est l’un des plus ludiques que j’ai eu le loisir de voir depuis belle lurette.

_igp1501
Au quai du Westin
_igp1500 _igp1522 _igp1516 _igp1510

On a établi domicile au bord du quai du Westin, spa & golf resort. Je crois que ce sont les douches les plus luxueuses que j’aurai l’honneur d’utiliser pendant cette année — à mon plus grand regret, elles n’étaient pas mixtes… Seul truc bizarre, il faut marcher 10 minutes pour s’y rendre, car elles sont de l’autre côté d’un pont. Juste à côté de nous, le Savannah Ferry jouait le traversier local jusqu’aux petites heures de la nuit. On a profité de cette semaine de repos pour emplir nos journées, ça va de soi. Rien de bien spécial, épicerie, musée des enfants, parc de jeu, ballade dans le centre historique. Si ce n’est de mon périple au landromat pour laver tout ce qui se trouvait sous ma main au moment où j’ai eu ce brin de folie. Il y a plus d’un mois depuis mon dernier « vrai » lavage… cousins, draps, serviettes, linge, tout y passe !

_igp1609
The Pirate’s House. Inn construite en 1737…
_igp1586 _igp1607

J’ai donc pris le Ferry par ce beau matin de décembre pour réduire radicalement ma note de taxi, le Westin étant de l’autre côté de la ville (et de la rivière par le fait même). Chargée comme une mule, le portier du Hilton (terminus du Ferry) m’a prise en pitié avec mes trois énormes sacs pour ensuite s’exciter de rencontrer quelqu’un qui vit sur un voilier… « It must be so damn cool! » Oui. Bien sûr, mais pas là là où je galère juste pour ne pas vaciller avec mes sacs. Uber vient tout juste de déposer son client et me propose un lift au landromat de suite. En quelques minutes, j’ai fait la connaissance (très détaillée) de (je n’ai jamais compris son nom). John Smith a des problèmes de genoux et comme il pèse plus de 300 livres, ça ne va pas. Le soir, il aime bien manger des T-bones de plus de 20 onces avec une patate en robe des champs et du thé glacé bien sucré. Il prend des médicaments pour le cholestérol, le diabète, la haute pression et j’oublie certainement quelque chose. En conduisant, il me parle de son amour pour le film National Lampoon Christmas Vacation. Il a récemment mis son t-shirt du film pour aller voir un rerun au cinéma avec sa femme. Ah oui, il cale un mountain dew entre deux bribes de son monologue. « Do not come here at night, the 37th street, it’s dodgy! I would not get caught walking here alone at night. » En effet, les gens des beaux quartiers n’ont pas besoin d’un landromat, c’est bien connu. Comme il faut mettre de l’argent sur une carte Spin City et qu’il me reste un bon 5 $ que je ne ne retrouverais jamais, j’offre ma carte à la femme noire qui semble le plus en besoin. Elle me remercie avec un grand sourire.

_igp1555
Savannah
_igp1564 _igp1563
_igp1634
Le musée des enfants, aire ouverte
_igp1612 _igp1684 _igp1654