maison-bateau

Galloway Creek, Chesapeake Bay, Maryland

 Le soir, je me plais à regarder dans les maisons, subtilement bien sûr, par les fenêtres illuminées. Au-delà des rideaux, on peut apercevoir la décoration kisht du salon ou bien la salle à manger. J’ai bien eu quelques surprises involontaires avec les toilettes. Ma copine Gabrièle, qui a passé quelques années en Hollande, m’a dit que là-bas, les maisons n’ont pas de rideaux. La culture veut que personne ne regarde par les fenêtres, tout simplement. Je n’ai pas obtempéré… Toujours est-il qu’Aymeric et moi avons eu une envie certaine d’exhiber l’intérieur de notre maison-bateau question de permettre à mémé (la grand-mère de Laurent qui a 91 ans) d’être de l’équipage.

Le carré

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Pièce de vie, le carré est sans nul doute l’endroit où je me sens le mieux sur dorénavent. J’ai pris soin de l’aménager, mais rien n’y fait. C’est pas mal tout le temps le bordel. Les vivres se trouvent en bonne partie derrière les banquettes/sofas et la table cache notre cave à vin (qui contient du vinaigre balsamique, de l’huile d’olive, etc.) On a tous un toc dans la vie, le mien, c’est de replacer les cousins du carré que Laurent se plait à mettre en boule plusieurs fois par jour et qu’Aymeric utilise pour faire de la motomarine sur le plancher. Ultra-utiles, le petit siège d’Aymeric — un booster — et la serviette salvatrice pour conserver (on croise les doigts) l’aspect original des banquettes.

 La cuisine

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C’est l’autre endroit où je passe beaucoup de temps comme j’ai pris les commandes de la cambuse (c’est l’ensemble de la bouffe sur un voilier. Oui, même la bouffe à un nom marin). Merde, où sont les pois chiches encore ? Ah oui, sous le troisième tiroir de la cuisine dans cet espace vide que le constructeur n’avait pas prévu de mettre à profit. Je demeure persuadée que le fondateur d’Ikea est un marin, sinon dans l’âme. Comment en venir à mettre tout un appartement dans 5 mètres carrés ? Pourquoi des pois chiches ? Parce que j’ai eu l’idée avant de partir d’acheter en vrac des légumineuses pour ne pas avoir le poids des conserves et surtout les déchets qui en résultent. Certes, si tu manges de la viande trois fois par jour avant le grand départ, tu vas avoir au travers de la gorge tes hambourgeois aux haricots rouges. Pour notre part, comme on n’était carnivore qu’une ou deux fois par semaine, tout baigne. Il faut juste bien étudier les temps de trempage. Le conseil le plus étrange qu’on m’ait donné avant de partir est bien de m’équiper de patates pilées en flocons. Ouache ! En bonne élève, je l’ai suivi, sans m’aventurer à les manger… La cuisine forme un U qui, par gros temps, permet de se caler et de poursuivre joyeusement la cuisson. C’est typique des voiliers faits pour prendre la mer.

Douce folie, j’ai une plante à bord ! C’est une menthe… On a de la suite dans les idées, elle doit servir à faire des mojitos une fois aux Bahamas. Pendant plusieurs semaines, je me suis démenée pour trouver un endroit où ranger nos épices. C’est finalement Laurent qui a eu l’éclair de génie. Voir la petite ligne rouge au-dessus de l’équipet. Le tout tient avec du velcro. Le micro-onde fonctionne que lorsqu’on est branchés sur le 110 volts, à quai — ça n’arrive presque jamais depuis les quais publics gratuits du canal Hudson. C’est donc une boite à pain. Parlons d’ustensiles. Il me manque un petit rouleau à pâte et un pile-patate. Mais, on a eu la bonne idée d’apporter un mélangeur manuel (Tupperware, quand même) qui permet de faire des potages. Sans parler de la cocotte minute, le top du top. La nôtre, c’est Seb, de son petit nom. Un cadeau de mamiline. On était loin de savoir qu’elle servirait tous les jours.

Les Post-It sur le mûr, c’est la nature allemande de Laurent qui est tout à son aise sur le voilier. À l’aube de notre union, on se plantait tous les soirs devant les rayons du supermarché en se lamentant de ne pas savoir quoi cuisiner. J’aimais la surprise de ne pas savoir, justement. Ce temps est définitivement révolu… les 7 jours de la semaine sont inscrits sur le petit bout de papier et sous chacun, le repas du midi et du soir. Quelques fois, on s’emballe et on inscrit même l’apéro. Ensuite, sont retranscrits à l’arrière du dit Post-It les items qu’il manque et qu’on doit acheter à l’épicerie. Nathalie, une bonne copine, m’a dit un jour que mon frigo (vide, il n’y avait que ce que nous avions besoin pour les trois prochains jours) lui donnait le vertige. Je l’ai dit à Laurent qui m’a répondu, « mais, il est plein le frigo, je ne comprends pas. » Certes, je partage aujourd’hui la nature allemande de l’homme de ma vie. Quand tu dois te cacher les prochains jours parce qu’un front froid arrive, tu l’apprécies encore plus ! Notre frigo, riquiqui, semble maintenant tout le temps plein.

La cabine d’Aymeric

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La cabine d’Aymeric a demandé une réflexion approfondie et une bonne dose d’ingénierie. Il a une garde-robe trois saisons (été, automne, hiver). Il fallait bien la caser quelque part. Des couches, des couches et, je suis damnée, encore des couches. Il a bien un sac de couchage, mais comme il termine toujours la nuit nue comme un ver, il faut lui mettre des pyjamas hyper chauds. Et puis les jouets… Les blocs sont sans contredit le jouet fétiche que tu veux à porter de main dans les moments où fiston doit pouvoir s’amuser seul. Des crayons à dessiner, des tonnes de livres, des peluches, sans oublier le plaisir du moment, les marionnettes. Souvent, il faut tout tasser et faire de la place sur son lit pour qu’il puisse faire la sieste. J’ai tripé sur les bacs de rangement en tissu d’Ikea qui me permettent de ranger l’ensemble de ses choses dans les mains courantes par « catégorie » et de retrouver ce que je cherche sans crise de larmes. Ce sont les deux étagères qui pointent vers la proue du bateau. À l’abri, sous son lit, se trouve le reste de nos provisions. Il a la plus belle cabine, toute rénovée en bois par Jacques, l’ancien proprio. La décision de l’installer à l’avant du bateau n’est pas que purement esthétique. En fait, comme il n’a pas le mal de mer et qu’il dort peu importe le bruit, l’avant est tout indiqué. Ça tape et ça tape fort.

La chambre principale

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Ce n’est pas un secret, notre cabine est moche. Le vaigrage (sorte de tapisserie pour bateau dont la texture se rapproche de la moquette) à plus de 30 printemps et de petites touffes de mousse desséchée tombent régulièrement. À l’origine, le vaigrage est uniforme. Les bosses dans le gel coat du pont étant absorbées par la mousse sous le vaigrage. Aujourd’hui, tout pendouille ! Allo les allergies. Deux trucs chouettes, l’immense lit et la penderie. Je suis reléguée au deuxième matelas, celui qui est collé contre la paroi du moteur. Le plafond est au plus bas et en plus, je me tape à hauteur de genoux la boite blanche qui cache le système de la barre à roue. Notre cabine est en en grand besoin de tlc (tender loving care).

La toilette

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Ce qui peut paraître étonnant, c’est que la toilette du voilier est presque aussi grande que la salle de bain de notre ancien appartement. Le petit espace contient le sac de linge sale et nos produits de beauté. La douche téléphone permet de tirer le pommeau du robinet jusqu’à notre nombril… résultat, on n’a jamais pris de douche. J’ai reçu un cadeau de la mer alors que je cherchais une solution à notre pseudo manque d’hygiène. Un bac en plastique épais, assez grand pour pouvoir y asseoir Aymeric, trônait sur la plage. Un peu d’eau de javel et alléluia! Les lingettes produisent des déchets non souhaités et ne constituent qu’un truc temporaire. J’étais plutôt à l’affut d’une solution permanente. Voilà. Alors, il faut maintenant s’imaginer Laurent ou moi à genoux, sur le plancher, la tête dans le bac posé sur le siège de la toilette pour se laver la tête ou bien accroupie, un petit sceau à la main pour rincer le savon. Malgré un changement intégral des tuyaux des chiottes, ça pue toujours un peu dans nos toilettes. L’odeur indésirable provient du sac de couches usagées fermé hermétiquement et rangé dans l’égouttoir sous nos cirés. Comme c’est le même modèle que pour les couches en tissus, il est bien solide ce sac, quoique légèrement surutilisé. Aymeric a bien appris qu’on ne peut mettre de pq dans la cuvette.