Machine à laver
Manhanttan, NY – Liberty state park, NJ
Départ à 12 h 15 — arrivée à 14 h 20
7 miles nautiques
Laurent a lu quelque part les récriminations d’une femme au sujet de la 79th Boat Basin : « je me sens comme dans une machine à laver! » C’est en effet le cas. Nos estomacs de marins d’eau douce ont été mis à l’épreuve ces trois derniers jours. Il faut dire aussi qu’on a pris un mouillage, on aurait été mieux à l’ancre. C’est horrible, juste horrible. Une barge passe. Les trois premières vagues arrivent et laissent deviner, après un répit de quelques secondes, que tout le bateau va giter en défiant la gravité. Le ballet recommence, quelques minutes plus tard. Et pour cause, Aymeric est tombé de son lit pendant la nuit! Les plats se meuvent sur la table et l’on tient nos chaudrons sur la cuisinière. Sans compter les vagues constantes qui viennent mourir contre la jupe de dorénavent. Vent et courant sont rarement dans la même direction et le voilier ne sait plus où donner de la proue. La bouée frappe le devant dans un bruit assourdissant. On se demande même pourquoi on y reste… enfin, pas vraiment. La marina demeure dans nos bonnes grâces, car elle est si bien située.

Caléidoscope en tons de brun
Le blogue A cup of Jo révèle les trésors new-yorkais dont la ville recèle pour les touts-petits. Elle prend même le soin de fournir des indications sur les meilleurs bouibouis où manger à proximité. Ça me fait penser aux billets de ma copine Judi sur son blogue MTL, JTM qui fait découvrir les restos et cafés de Montréal qu’elle visite avec son fils. Judi sait sans l’ombre d’un doute où trouver le meilleur babychino. On prend donc la journée de mercredi pour sillonner le Children’s Museum of Manhattan, un paradis terrestre pour Aymeric. Entre le camion de pompier, l’autobus, le laboratoire sur l’eau potable et la toilette géante, il ne sait plus où donner de la tête. Le must, selon moi, demeure l’exposition de la Charte de Bristol, rédigée au début du 19e siècle et conçue pour permettre aux Anglais gênés de pointer à leur médecin l’apparence de leurs excréments sans avoir à les décrire. Yup, pipi-caca me fait encore rire. Il faut dire que le musée est un organisme sans but lucratif voué à l’éducation populaire à la Passe-Partout.



Le lendemain, on vise Central Park et ça c’est sans compter se laver (oui, une tâche aussi mondaine que de se laver fait maintenant partie de la liste des choses à faire de la journée), faire le lavage et l’épicerie. Bienvenue dans la maison des fous. Et là, au beau milieu du parc, je réalise que pour la première fois, j’ai laissé le baluchon d’Aymeric qui contient ses couches dans le sac de nos effets pour la douche. Il pue à des kilomètres… bon ben, c’est la vie. Sauf que là, son pantalon est maintenant mouillé et brun. Système D, vite vite. Est-ce que je demande une couche à un parent ?! Je ne réussis pas à braver mon humiliation. Je mets un sac de plastique sous ses fesses dans son sac à dos. Pauvre gamin. Lorsqu’on arrive enfin à la Capitainerie, c’est immonde.


Le comble, c’est que le vendredi, on décide de faire un pomp-out pour vider une dernière fois le réservoir d’eaux noires avant de quitter la marina. Laurent est persuadé que ça ne sera plus possible après NY puisqu’il est permis d’avoir à bord un tuyau qui évacue l’eau de la cuvette directement dans la mer. Ce n’est pas le cas au lac Champlain. La seule présence de ce tuyau justifie la saisie du bateau par les autorités américaines. Prenez vos jambes à votre coup. D’ailleurs, Laurent l’a installé depuis Kingston, mais à l’envers. Il faut donc exécuter un petit manège avec notre valve en Y, mais sinon tout roule. Toujours est-il que « l’aspi-crotte » de la 79th fonctionne mal. Mon homme marmonne derrière moi, sur le quai. Soudainement, il colmate une fuite repérée dans le tuyau de l’appareil et je suis aspergée d’eau brune! Je n’ai pas le temps de venir voir la chose que mes pantalons et mes chaussures prennent une douche non méritée. À voir sa face, je pars à rire. Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ?

Matthews
On a eu des nouvelles de Katmandou et de Philip, qui s’est tapé un objet flottant non identifié (OFNI) juste après Sandy Hook. Pour l’instant, il est en cale sèche près de Cape May. Comme le chemin de Matthews n’est pas tracé et qu’on annonce sous peu de forts vents en raison d’un front froid arctique, tout comme lui, on reste en attente des développements futurs. À ce propos, on a d’ailleurs discuté avec Daniel Lemaire par courriel et pris la décision de ne pas prendre la route de Sandy Hook de suite. Si jamais Matthews remonte au nord, du milieu du port de NY, on peut rapidement se sauver à l’intérieur des terres de la Hudson, déshabiller complètement dorénavent et prier Zéphyr. On est donc très bien caché derrière la statue de la Liberté. Ça fait un petit velours quand même. Par contre, entrer dans le petit chenal a rendu Laurent fou. Les bateaux de touristes à plusieurs étages n’ont pas de temps à perdre avec un chien dans un jeu de quilles. On s’est fait dépasser et couper par l’arrière droit juste avant de pénétrer entre deux bouées très rapprochées. Il a fallu ressortir de justesse du chenal et faire une boucle pour laisser passer l’énervé. Partout autour de voilier se dessine le paysage d’une bataille navale! Il a râlé très fort parce que le mouillage a une protection optimale, sauf du sud-ouest. Bien sûr, on n’a pas regardé précisément la direction des vents avant de partir de la boule qui roule et les vagues nous poussent contre la jetée. Il y a très peu d’espace où naviguer et surtout où s’ancrer. Les vents frôlent le 15 nœuds. Il semble que le coin soit la bonne fortune des locaux et peu connu des transients. C’est Sylvain, puis Daniel, nos voisins du printemps et de l’automne chez Gosselin qui nous en ont parlé. Disons qu’il y a peu de place entre les voiliers qui y sont déjà, la coque couverte de moules zébrées, mais qu’on réussit à se faire un petit nid.

