L’oignon

Sloop Bay (Sled Runner [Burlington]/Fort Ticonderonga) – Whithefall, NY
Départ à 9 h 30 mercredi — arrivée à 13 h 54 vendredi
70,7 miles nautiques

Voilà qu’on vogue depuis quelques jours sans réseaux — 4 G ou bien téléphone — de Burlington vers Whitehall, ville de la première écluse d’une série de 12 qui nous mènent à la rivière Hudson puis à New York. On profite des derniers jours de l’été pour visiter Burlington et son parc de jeu au bord de l’eau. C’est maintenant que ça me frappe. Non seulement on devra trouver des poubelles, de l’eau potable et des stations de pomp out (un aspi-crotte pour bateau), mais surtout des jardins d’enfants. Aymeric est absolument génial. En quelques jours, il comprend maintenant l’importance d’être patient pendant nos manœuvres. Selon ses envies du moment, il peut suivre le tout de près, sur le pont, ou bien se sauver dans sa chambre et construire un sous-marin. Chose certaine, il sait qu’il n’aura pas notre attention pendant ces précieuses minutes et il s’en accommode très bien. On lui en demande beaucoup et, en revanche, on s’est promis d’aller à terre tous les deux jours pour le laisser courir, jouer, explorer.

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Le port de Burlington
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Burlington. City Market, la seule épicerie où l’on peut se rendre à pied. Sentiment d’être (un peu) redevenue une hispter du plateau.
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Super la nouvelle poussette

Ça nous permet de visiter l’Amérique oubliée et ses petites communautés colorées de fanions. À Whithehall, à la buanderie, la proprio me demande si je parle à Aymeric en espagnol (euh) et le gars de l’écluse me dit d’une voix rauque et inaudible : « what are your intentions? » Moi : « Sorry? » Avec une certaine exaspération : « What are you planning to do? » J’oublie que malgré le sentiment d’être chez moi, sentiment induit par les paysages, je suis aux states sti. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi les employés de l’écluse refusent de me vendre une carte d’écluses de 10 jours (par contre, ils vont modifier la date de notre carte et y inscrire le 26 septembre. Ça nous laisse deux jours pour naviguer jusqu’à Troy).

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L’écluse de Whitehall
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Le parc de Whitehall avec en arrière plan Dorénavent

On passera donc deux jours ici à quai (c’est gratuit et il y a de l’eau, de l’électricité et des douches [youpi, youpi, youpi] – et on a été assez cons pour aller au parc avant les douches et bam, les portes étaient barrées). Aymeric n’a pas dormi de la nuit, en grande conversation avec son alter ego jusqu’à 4 heures du matin. J’ai besoin de sommeil et Dorénavent d’amour ; la fuite de diésel doit être réparée et l’annexe recollée. Ce soir, on se fait un cinéma maison avec des biscuits pour réchauffer le bateau. Il faut bien qu’on remonte un peu le moral de l’équipage… On s’est tapé un canal superbe, mais tellement peu profond (crise d’anxiété lorsque j’étais à la barre, Laurent, lui, bien cool) ; on a scrapé (éraflé) le moteur hors-bord sur le mur dégueulasse de l’écluse et quelques minutes plus tard, son cadenas est tombé dans l’eau. Merde. Sinon, c’est grisant d’être libre sur un voilier, même sans mât!

 

Winter is coming.

Hier soir, un dernier pique-nique dans le cockpit pour célébrer notre arrivée au fort Ticonderonga qui signale la fin du lac Champlain (je maugrée toute seule parce que comme on y a jeté l’ancre à 17 h 30, il était trop tard pour le visiter et la pluie m’a refroidi les pieds). Plus de 8 heures de moteur dans la journée! J’ai été submergée par une vague de nausée tellement forte que, allongée par terre dans le carré, Aymeric et Laurent me nourrissaient aux petits poissons. L’anticyclone prévu pour la fin de la journée hier a frappé ce matin. On a été éprouvés par le vent et la pluie et on est passé ninjas dans l’art de s’habiller/se déshabiller en oignons! Le tout demande une certaine expertise, malgré tout.

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En moins de trois heures, ninja l’oignon
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Le fond, le fond, le fond
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Aymeric aussi