Si l’on devait repartir demain

Man-O-War, (Water Cay; Treasure Cay ; Green Turtle) — Manjack Cay, Abacos
Départ le 13 avril — arrivée le 27 avril 2017
10 ; 5 ; 19 ; 6 milles nautiques

Régulièrement effectués par Laurent, les travaux d’entretien et les améliorations du blogue ont été la source d’une vive discussion cette semaine. Pour ceux qui l’ignore, il ne s’est pas contenté de choisir un modèle parmi ceux proposés par WordPress. Il a programmé la mécanique de fond et créer le rendu qui apparaît à votre écran. Laurent a revu la carte Google pour permettre de différencier entre eux les trois tiers de notre navigation (Intracostal-aller, Bahamas, Intracostal-retour). Cliquez sur l’une des icônes situées à gauche en haut de la page.

Gentiment, le capitaine de notre voilier m’a dit ne jamais m’avoir fait de remarque, mais les arabesques de ma plume ne suivent presque jamais les catégories qu’il a prédéfinies — vie à bord (trucs at astuces), journal de bord (navigations et péripéties de voile) et entretien (tout ce qu’on fait pour ne pas que dorénavent coule). Il faut bien se rendre à l’évidence. Mon style littéraire ne convient pas tout à fait à la structure du blogue… Au gré de mes pensées, le tout s’entrecroise, s’emmêle, dans chaque billet. Ça me turlupine. Voilà que mon homme me donne un léger coup de coude. Sur le forum du site Voile Abordable, en réponse à une question concernant la reconstruction de varangues, un internaute nous a cités ! Moment de gloire ! Petite honte, le billet s’intitule « ça pue des pieds ».

Mangroves dans Treasure Cay

Comme on brette (qui agit avec lenteur) dans le nord des Abacos le temps de savourer encore quelques jours le paradis des Bahamas (et que rien de bien spectaculaire ne se produit – sauf le dernier front où des rafales à 50 nœuds ont balayé le voilier), voici, schématisé, un must des trucs à faire avant de partir pour une année sabbatique à voile.

La carte professionnelle personnalisée
Nop. Ce n’est pas le plan de la disposition intérieure du navire. Pour une raison que j’ignore, tous les équipages rencontrés ont une carte professionnelle personnalisée de leur bateau. C’est une véritable rivalité ; qui aura la plus belle carte l’emporte ! Alors celles qui sont imperméables, c’est certain qu’elles remportent la palme d’or. Certes, il ne faut pas oublier de l’avoir sur soi et de la distribuer à outrance.

Comme photo de carte professionnelle?

Notons que les renseignements suivants doivent y être inscrits : nom et moyen de propulsion du navire (S/V sailing vessel, M/Y motor yatch), adresse web du blogue, noms du capitaine et de la seconde, numéros de téléphone et adresses courriel, etc. Plusieurs ont mis leurs photos sur leur carte personnalisée. Comme ça, quand tu te grattes la tête pis que tu te demandes, « c’est qui ça », la réponse semble plus évidente. Quoi que…

L’équipage de Baila (Brad, Lynn, Avery, Isabelle et Anna). On a eu leur carte!

Quand on a rencontré SandFlea, ils étaient en attente du courriel de l’imprimeur qui confirmerait l’arrivée sous peu de leurs cartes personnalisées. Comme nous, ils ont manqué le mémo avant le départ. Dans un cours de l’École de plaisance, Pierre du voilier Pierre de Lune avait mentionné avoir une étampe au nom de son voilier accompagné de son nom et de celui de sa compagne. « Ça fait plus officiel et les autorités portuaires aiment bien. »L’idée me plaisait alors j’ai fait faire une étampe pour dorénavent. Aujourd’hui, comme on n’a pas de carte personnalisée, j’estampe sur un Post-It dorénavent avec nos noms et j’ajoute à la main l’adresse du blogue. Ce n’est pas aussi chic qu’une carte, mais au moins on sort du lot !

Mots de passe et protection identitaire
Mon adresse courriel personnelle datait de la fin de mon secondaire. Comme j’avais eu la présence d’esprit de garder le tout simple et de n’y mettre que mon nom. Ça n’a donc jamais causé aucun souci. Pas de fleurbleu69 pour moi. Le hic, c’est que plus longtemps une adresse courriel est en circulation, plus elle se retrouve dans de nombreuses banques d’adresses. Résultat, elle est d’autant plus facile à pirater. Bien sûr, tous mes comptes d’achats en ligne étaient liés à cette adresse Hotmail. Je me suis fait pirater mon compte Amazon pendant le voyage. J’ai été vraiment chanceuse ; le pirate a choisi de s’acheter un sac à dos à l’effigie d’un squelette et n’a pas changé mon courriel. J’ai donc été avisé sur-le-champ de cet achat… Heureusement que le réseau internet fonctionnait ! Vlam, ma carte de crédit devait être détruite, la banque confirmait l’envoi sous peu de la nouvelle. Amazon, qui m’a promis plusieurs fois de le faire, mais n’a jamais remboursé le 30 $ que m’a coûté le foutu sac. Ils auraient pu au moins me l’envoyer ! Là encore, j’ai été vraiment chanceuse. Laurent avait une carte fonctionnelle et mon père venait sous peu. Il a donc pu m’apporter ma nouvelle carte de crédit.

Un resto comptant ou sur ma mastercard? Cracked conch à Green Turtle

J’ai dû faire ces démarches du bateau. Cependant, si je devais repartir, ce serait bien avant que ma coque touche l’eau que je m’attèlerais à sécuriser mes comptes. Première chose, se créer une adresse récente avec Gmail. À l’heure qu’il est, ils possèdent les meilleures méthodes de protection. Aucun pourriel n’arrive dans ma nouvelle boîte. Deuxième chose, changer l’ancienne adresse par cette nouvelle, et ce, pour tous vos comptes (iTunes, Banque, Facebook, Amazon, PayPal, etc.) Troisième chose, changer tous, et je dis bien tous, vos mots de passe. Plusieurs blogues donnent des trucs pour créer des mots de passe sécuritaires. Laurent m’a dit « mets pas ça sur un papier, tu vas le perdre ! Il faut mettre tes mots de passe dans un document Word et puis sécuriser l’accès à ce document par un mot de passe ». Je suis de l’ancienne méthode. J’ai fait les deux.

Green Turtle. Notre dernier resto.

La procuration, mais pourquoi?
Le côté légal du voyage à long terme laisse probablement plusieurs penauds. Si tout le monde sait qu’il faut voir avec la RAMQ pour obtenir le droit d’être à l’extérieur du pays et de demeurer couvert par l’État (ce qui fait baisser de plus de la moitié le prix de l’assurance maladie contractée pour les États-Unis), peu se doutent de l’utilité de la procuration.

Salut grand-père

Combien on est content d’avoir passé chez notre notaire avant de partir. La procuration est un document légal qui octroie à la personne désignée le droit d’agir au nom d’autrui dans une circonstance déterminée. Comme c’est le temps des impôts, notre procuration permet à mon père, la personne désignée pour ce voyage, de signer notre déclaration ! De plus, il a été en mesure de renouveler ma carte soleil et mon permis de conduire le temps que je revienne au pays. Surprise, dans mon cas, ça tombait justement cette année. J’ai bien essayé de le faire avant de partir, mais sans succès. On s’est aussi organisé pour que notre poste arrive avec mon père. Résultat, s’il devait agir légalement entre notre nom, il en serait rapidement avisé. Malheureusement, Poste Canada ne permet la redirection du courrier que pendant un an. On aurait pu changer d’adresse, mais c’était plus facile de faire rediriger le courrier et de rectifier l’adresse au retour.

Non, je veux faire la sourde d’oreille!

Débloquer son téléphone intelligent
Je ne voulais pas m’emmerder avec un distributeur ni avec un potentiel contrat. J’ai donc acheté mon iPhone chez Appel à Ottawa un mois avant notre départ. Il m’a coûté la peau des fesses, mais j’étais libre de le faire tomber dans la cuvette des chiottes si je le voulais. Aymeric adore me le piquer, il est donc recouvert de la protection à toute épreuve de Life Proof (chocs, eau, peinture, etc.). Presque aussi dispendieuse que le téléphone lui-même, elle en vaut la chandelle. Le nombre de fois qu’une vague a submergée mon sac à dos qui contenait mon téléphone…

L’étoile de David comme décoration de Noel. Green Turtle

Aux Bahamas, le réseau de BTC est excellent ! Je peux compter sur les doigts de ma main les rares fois où aucun signal n’était accessible. Résultat, en ayant un téléphone débloqué, j’ai pu y mettre ma nouvelle carte SIM et choisir un forfait de données approprié. Au contraire de plusieurs, on n’a pas eu à acheter un téléphone pourri juste pour avoir accès au réseau de BTC. De plus, ceux qui ont gardé leur forfait des fournisseurs américains jouissent d’un moins bon réseau. Il semblerait que le fait qu’Horizon Mobile récupère le réseau de BTC pour le « revendre » à ses usagers fait baisser l’intensité du signal. À plusieurs reprises, on en a fait le constat avec Lynn (Baila). Souvent, elle ne peut pas voir les photos de notre blogue alors que je les télécharge rapidement sans souci.

Chose à savoir, le compte BTC correspond à un compte en banque. On y met de l’argent et à chaque utilisation d’un service, le montant disponible dans le compte diminue. On ne peut pas s’abonner à un forfait mensuel, ça n’existe pas. Par exemple, on a renouvelé 4 fois le forfait de données (4 ; 4 ; 4 ; 15 gigaoctets). Étrangement, le forfait illimité a été soudainement disponible un mois avant notre départ. En règle général, un forfait de 4 gigaoctets coûte 30 $ plus taxes. Si, au bout de 30 jours, vos données n’ont pas été utilisées, elles disparaissent ! De même, après 3 mois, le compte se retrouve à 0 même s’il y avait 50 $ le jour d’avant ! Laurent fulminait… on a rapidement « topper » (c’est-à-dire rajouter de l’argent au compte) et donc prolongé la vie de notre compte BTC.

Faune floridienne aux Abacos. Green Turtle

Le montant initial de notre compte, soit 200 $ américain, a donc diminué au fur et à mesure qu’on passait au travers de nos « forfaits ». Comme tout sort du même compte, pensez à ajouter de l’argent qui couvrira les textos et le téléphone. Sinon, vous en manquerez pour le renouvellement du forfait de données.

Le coffre aux trésors des applications
Comme pour la vie terrestre, plusieurs applications pour tablette et téléphones intelligents pullulent dans la vie marine. Quelques-unes sont devenues indispensables.

Fongo
Communication. C’est une application qui permet de téléphoner en utilisant les données d’un forfait de données. Si j’utilise Fongo, tous mes appels au Québec sont gratuits ! Avec BTC, c’est plus de 50 sous la minute plus taxes. Ça revient donc moins cher de renouveler le forfait de données que d’utiliser mon numéro de téléphone bahamien.

Le seul hic, c’est qu’il est très difficile de nous joindre. Fongo octroie bien un numéro, mais le téléphone ne sonne pas quand quelqu’un appelle. Cela dit, la famille de France appelle maintenant par Messanger… À savoir, Fongo couvre les appels à l’international, mais ils ne sont pas gratuits.

Je téléphone de Treasure Cay…

Active Captain/Garmin/Navionics
Navigation. Chez Gosselin, en septembre, tous ceux qui revenaient de leur année sabbatique à voile aux Bahamas parlaient des biens faits d’Active Captain. On a certes téléchargé l’application, mais le rendu visuel était tellement broche à foin qu’on n’y distinguait rien ! Au final, Laurent a déclaré qu’on se passerait bien de « cette merde ». Ce qu’il faut savoir, c’est que tous les équipages rencontrés parlaient des critiques des ancrages notés sur Active Capitaine. Les points de rencontre portaient les noms d’Active Captain… bref, on n’était pas dans le coup.

À Georges Town, on souhaitait se rendre à Long Island, mais les hauts fonds indiqués sur Navionics donnaient froid dans le dos. Des amis ont sonné l’alarme. Il faut prendre Garmin aux Bahamas ; les niveaux d’eau indiqués sont beaucoup plus près de la réalité. C’est vrai ! Bonus, Garmin intègre Active Captain ! On a donc maintenant accès à une mine d’informations récentes directement sur la carte. Selon nous, surtout dans les Exumas où les ancrages protégés sont plus rares, il est impératif d’avoir Active Captain.

La carte, regarde la carte!

Plus et moins. Garmin ne donne pas d’ETA – estimated time of arrival. De plus, il est impossible de voir visuellement où l’on va. Je m’explique. L’icône du voilier pendant la navigation pointe bien vers quelque part, mais aucune ligne — généralement entre le voilier et la côte la plus proche — ne permet de voir, par balayage, exactement vers où le voilier se dirige. Par contre, ces deux fonctions sont disponibles sur Navionics. On prépare donc souvent nos routes sur les deux applications.

WindFinder/Windy
Météo. WinderFinder demeure notre outil de travail météo de prédilection. La direction des vents correspond la très grande majorité du temps à la réalité. Cependant, il faut ajouter 5 nœuds quand la prédiction dépasse 15 nœuds et en retrancher s’il y a moins de 10 nœuds. Pour la météo et les vagues, on oublie ! Les grands systèmes y sont clairement montrés ; il est donc facile de se cacher en prévision d’un front froid ou d’une dépression.

Au port de Treasure Cay juste après un front

Windy permet de visualiser plusieurs modèles d’analyse des vents. S’ils concordent, les prévisions sont donc claires. Sinon, le temps est incertain comme on dit. Autre plus, avec Windy, il est possible d’avoir les gribs pour l’endroit choisi. WinderFinder ne donne que quelques points pour se situer. Il n’est donc pas certain d’avoir une prévision de l’endroit où l’on est !

Anchor
Ancrage. Le rendu visuel est vachement merdique ! Par contre, l’application est gratuite et serait la meilleure pour déceler rapidement le mouvement de l’ancre qui chasse. Pour ce faire, il faut activer l’application au moment de jeter l’ancre, ce qui implique d’avoir avec soi le téléphone à la proue. Sinon, même en estimant le rayon d’évitement à partir du nombre de pieds de chêne entre l’ancre et le voilier, ça donne un piètre résultat. Deux fois j’ai eu une peur bleue en entendant l’alarme sonnée… on n’avait pas bougé d’un poil ! Mon estimation du cercle ne correspondait tout simplement pas à la réalité. Sachant qu’on utilise l’application quand il y a plus de 25 nœuds de vent annoncé, imaginez-le stresse !

Est-ce que ça va tenir?